Roel D’Haese sculptures – Marcel Pouget peintures

Roel D’Haese sculptures – Marcel Pouget peintures

Roel D’Haese (1921-1996) fait partie de ces sculpteurs puissants, résistants, en lutte perpétuelle avec la matière mais jamais contre elle. Toute sa vie sera consacrée à expérimenter toutes les matières et toutes les techniques.

Embauché chez un forgeron dès 1935 puis chez un sculpteur sur bois, il continue de suivre des cours à l’école d’art de Bruxelles (atelier du sculpteur Oscar Jaspers – pierre et modelage). Durant les années 40, il travaille la pierre en taille directe.
Véritable ferrailleur, soudeur au plus profond de lui, il découvre le bronze en 1954 expérimentant seul les différents procédés. Il fond lui-même d’abord au sable avant d’adopter la fonte à cire perdue; la soudure à l’argon lui permettra ensuite de souder le bronze.

La solitude, à l’atelier, il la combat. Le « monstre » est pourtant là. Autour de lui, apparaît alors un monde parfois effrayant, douloureux voire « innommable ». Il explique ainsi son travail et son intérêt pour les arts primitifs: « Ils attrapent la grande peur de l’être humain et la serrent dans une sculpture. Le mal est emprisonné et pendant ce temps là, on peut respirer ».

Les sculptures de Roel D’Haese se tordent, se compressent, elles crissent et se gonflent de l’intérieur. Naissance de l’œuvre, sorte d’Alien, le dessin métallique et strident se déploie, il danse, et soudain le silence. C’est sûr, il y a la vie là dedans.
« On devrait pouvoir mourir un peu après cette sculpture, mais il sait que l’avenir demande d’autres grands travaux. » (Chris Yperman « The song of Evil », 1965).

Nous avons fait le choix de présenter une vingtaine de sculptures essentiellement en bronze, certaines aux dimensions exceptionnelles, avec les œuvres de Paul Rebeyrolle. Un parcours dans l’espace où les sujets, les techniques et les matières pourront dialoguer et nous émouvoir surtout.

« Roel D’Haese nous renvoie à notre réel, bouleversés en ce lieu par cette plaie toujours ouverte mais toujours en cours de cicatrisation. Peut-être y avons-nous rencontré un compagnon de route sur le chemin vers la conscience? » (Marc Jaskold Gabszewicz, Bruxelles 1970).

L’espace Paul Rebeyrolle présentera aussi cet été une exposition des œuvres du peintre Marcel Pouget né à Oran, cette ville unique par ses confrontations culturelles jusqu’au combat clandestin qui nous a, entre autre, légué le Raï, les textes d’Albert Camus…

C’est pourtant à Paris qu’il peint son premier tableau dit expressionniste en 1947.
« Armé de couleur » il participe éminemment à la fondation du mouvement de la Nouvelle Figuration dès la fin des années 50; mais il précisera clairement sa démarche spécifique de « psychopeintre » en 1966.

Tour à tour informel et figuratif, dans un traitement spontané de la couleur, Marcel Pouget est avant tout un révolté contre le mauvais « ordre des choses » terrestres. Un univers étonnant où, par des déformations systématiques et souvent de manière véhémente, il nous met face à une certaine vision contemporaine de l’homme.
Allers-retours entre réalité et onirisme, douleurs et fantasmes, alertes, cris d’horreur ou d’espoir.
« Il écrivait avec des couleurs l’histoire et le sens de ses visions » (Michel Troche, 1987).

Nul doute que l’on retrouve en Pouget la triple démarche entreprise aussi par certains moines, de la métaphysique-mystique, politique et critique.
Il nous invite ainsi à devenir maître de notre esprit et de notre corps. Alors sa peinture devient hymne à l’amour, à la danse… Il préfigurait ce que sera peut-être, l’échange entre les religions pour faire l’humanité mais il voulait par la peinture connaître la route des sages.
Né en 1923, il est décédé à Paris en 1985.

« L’évolution de la peinture figurative depuis un siècle va vers une plus grande préfiguration d’un monde autre ».
« Elle croit en l’homme, non au citoyen. Par son effort de restituer l’être dans son double aspect visible et invisible, elle nous permet d’accéder à la connaissance d’une nouvelle magie spirituelle. » (Marcel Pouget, Février 1968).

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