Algérie, cinq artistes

Algérie, cinq artistes

En marge des manifestations « officielles », organisées dans le cadre de l’année de l’Algérie, par les pouvoirs politiques français et algériens, nous avons souhaité accueillir cinq artistes indépendants, peintres, photographes et poètes.
Nés en France ou immigrés, ils défendent une certaine idée de l’Algérie, celle de la liberté de penser, de vivre et de créer.
Ces valeurs, l’espace Paul Rebeyrolle les partage et c’est dans cet esprit que nous présentons leur travail.
Une intervention musicale de l’orchestre « Hafid Dgemaïl Formation », musique algérienne Chaabi, aura lieu pendant le vernissage.

Nadia Benbouta est peintre. Née à Alger en 1970, elle vit à Paris depuis 1994.
Son travail, en perpétuel mouvement, évolue en fonction des ses indignations, de ses révoltes et de ses interrogations sur la société algérienne mais aussi sur la notre.
Le choix du support n’est pas anodin. Elégant, précieux, il s’oppose à la dureté du sujet: hommes masqués, cercueils, chaises électriques, enfant abandonné, orphelin de l’humanité…
Traité parfois avec humour et décalage, son travail témoigne de la violence de l’homme sur l’homme. Pour ne pas être complice, elle crée et montre.

Bruno Boudjelal, né en 1961 à Montreuil, est photographe.
Ses photographies sont le témoignage de ses voyages en Algérie. D’abord seul en 1993, à la recherche de ses racines et à l’insu de son père, puis en 1997 avec son père qui n’était jamais retourné en Algérie depuis 1954.
C’est avec pudeur qu’il nous fait partager ses voyages initiatiques. Il nous transmet ses émotions, ses moments de joie, de silence, la dureté de ce qu’il découvre, ses craintes aussi, le voyage n’étant pas sans risque.
Images d’une société sans espoir, paysages du bout du monde, espaces urbains délabrés, le regard est acéré, sans concession mais poétique.

Tarik Mesli, né à Alger en 1968, vit en France depuis 1995.
Il conçoit des installations délimitées par des cloisons matérialisées ou suggérées dans lesquelles le spectateur est invité à évoluer; Il n’est plus à l’extérieur de l’œuvre mais au centre et devient acteur.
Divers éléments plastiques se conjuguent tels que le son, la lumière, l’écriture, la peinture.
Dans cet univers visuel et sonore, à la fois ouvert et clos, une série de toiles témoigne de la condition humaine.
L’utilisation du henné sur la toile, dont on se sert habituellement pour embellir le corps, participe, ici, au processus de sa destruction. Happé par son environnement, privé de sa liberté, le corps finit par disparaître.

Hamid Tibouchi est né en 1951, près de Bougie en Algérie. Il vit à Paris depuis 1981.
Tout d’abord peintre et passionné par le dessin, il est aussi poète considéré en Algérie, comme l’un des plus importants de la poésie contemporaine d’expression française.
Sa peinture, loin de ressembler à de la calligraphie, est ici détournée, déstructurée, simplifiée, pour n’être que support à des recherches picturales.
Passant de l’un à l’autre avec jubilation et subtilité, il nous conte sans cesse la même histoire mais dite différemment.
Indissociables, ses écrits et sa peinture seront présentés dans cette exposition.

Kamel Yahiaoui est peintre. Né en 1966 à Alger, il vit à Paris depuis 1990.
A son image, son travail n’est que paradoxe. C’est avec tendresse et douceur qu’il nous montre ces cortèges d’hommes anonymes mais la colère et la violence sont à fleur de toile.
Ces ombres anonymes sont à la fois fragiles et massives. Ecrasées, courbés, ils dégagent une impression de force tranquille.
Ils marchent, fixés pour l’éternité d’un instant. Impossible de savoir s’ils errent ou s’ils se hâtent.
C’est au gré de ses intuitions qu’il « cueille » ses supports: objets usuels, toile de jute, tapis, cartes téléphoniques…le geste est ancestral, juste et simple.

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